La sensibilité aux Conflits dans la Communication

C’est avec un grand plaisir que notre collègue Alharrou Diaouré (Junior Communication Advisor PGLR+) a pu participer ce jeudi 26 mai comme intervenante au webinaire organisé par Naole Média sur le thème « COM de guerre, guerre de COM : quand la bataille médiatique rythme les conflits » dans le cadre de cette édition 2022 de l’AFRICA COMMS WEEK.
Dans son intervention, Alharrou a rappelé que les situations de crises politiques comme celle que connait le Mali, amplifient et accentuent la circulation d’informations biaisées très souvent fausses ; portant durement atteinte à la démocratie, en fissurant la cohésion sociale et en redéfinissant le concept même de la vérité.
La désinformation et le contenu biaisé ne sont pas des faits nouveaux, mais dans un monde de plus en plus interconnecté dans lequel les communications sont accélérées ; ils ont pris une nouvelle dimension et entraînent des conséquences à tous les niveaux de la société. Les médias sociaux ont favorisé cette évolution et exacerbé ses conséquences. Les jeunes restent les grandes victimes de la désinformation et du contenu biaisé car ces derniers passent beaucoup de temps en ligne et en particulier sur les médias sociaux. C’est vers internet qu’ils se tournent pour se tenir au courant de l’actualité et ils sont plus susceptibles de croire au contenu qui y est diffusé. Il importe pour les citoyen-ne-s et surtout les jeunes d’avoir les capacités de filtrer les informations et pour les professionnels de la communication de savoir bien informer en tenant compte des principes d’impartialité et de neutralité.
Dans un contexte de conflit, la sensibilité aux conflits doit être au cœur des productions et interventions des professionnels de l’information et de la communication ; particulièrement si elles sont destinées à la diffusion sur les réseaux sociaux. Néanmoins, la production de l’information, en situation de conflit, ne dépend pas exclusivement des intentions et du travail des professionnels de l’information. De nombreuses contraintes stratégiques et politiques entrent en contradiction avec les principes d’impartialité et de neutralité.
Pour sensibiliser les citoyens et surtout les jeunes, voici quelques exemples de techniques employés pour la communication pour désinformer dans les contextes de conflits :
- La production de l’information par les acteurs engagés dans le conflit. Des cellules stratégiques sont mises en place pour produire l’information officielle sur l’évolution du conflit. Que ce soit en contrôlant des médias libres ou en créant leurs propres supports de communication et d’information, les États en conflits utilisent le journalisme d’information pour servir leurs intérêts.
- Le recours à la censure. Il y’a ici deux techniques qui sont utilisées : la guerre aux médias et la guerre par les médias. On fait la guerre aux médias qui ne retransmettent pas le discours officiel. La destruction de la presse ennemie est un objectif avoué. De l’autre côté, on appuie certains médias, chargés de diffuser en continue le discours de propagande directe ou en maîtrisant les représentations qu’ils véhiculent.
- L’installation de la propagande autour de « l’union sacrée » du peuple derrière son armée. Elle sert à convaincre et à mobiliser ; elle aide à cacher et galvaniser ; et contribue à justifier la guerre, à façonner les perceptions de la victoire et à interdire les éventuelles critiques. Lorsque la propagande militaire est de grande ampleur, la tendance dominante chez les professionnels des médias est de céder au réflexe patriotique et à assimiler toute critique de l’opération militaire à une trahison.
- Mobilisation du cinéma et du théâtre pour assurer une plus large diffusion du discours national. Ici on utilise l’image cinématographique pour assurer la promotion d’idéaux bien définis et pour conditionner une certaine lecture du conflit.
- La manipulation d’images et/ou de vidéos au service de la désinformation.
- Cyberguerre : l’amélioration de l’accès à internet à l’échelle mondiale, le réseau global est devenu un lieu de confrontation majeur et un terreau fertile pour les guerres de communication.
Il est donc nécessaire de redéfinir la manière dont les médias et les réseaux sociaux informent les citoyens à propos d’une situation conflictuelle, car les enjeux sont énormes. Beaucoup de citoyen-ne-s et surtout les jeunes, prennent des décisions et se font des opinions sur des réalités sociales à partir des éléments de jugement que leurs fournissent les médias de masse et les réseaux sociaux. Les journalistes et autres professionnels de l’information et de la communication doivent répondre à un enjeu de taille qui est de définir la séparation entre rédaction et discours politique.