Participation du PGLR+ au Salon International du Recrutement

Participation du PGLR+ au Salon International du Recrutement

SIR-Mali est un salon de recrutement et un lieu de rencontre et d’échanges entre acteurs de l’écosystème des Ressources Humaines et jeunes diplômés actifs désireux de rencontrer les recruteurs potentiels. Chaque année, une vingtaine d’entreprises, institutions étatiques et internationales sont représentées au SIR-Mali par leurs cadres et directions des ressources humaines pour partager leurs opportunités, valoriser et recruter. Le Programme de Gouvernance Locale Redevable dont la cible principale est la jeunesse malienne, a de ce fait tenu à être présent lors de cette 2ème édition du Salon International de Recrutement afin d’échanger avec les jeunes demandeurs d’emplois ainsi que les entreprises, ONG et institutions présentes sur les thématiques du programme. PGLR+ était représenté par son équipe de coordination à travers la Conseillère Genre et Inclusion sociale de son équipe de coordination, Madame Keïta Maïchata Coulibaly, qui était panéliste au sein d’un cadre d’échange dont la thématique portait sur « l’égalité entre hommes et femmes dans la promotion de l’emploi (public-privé) ». Madame Keïta Maïchata Coulibaly a fait part des enjeux du genre dans le monde professionnel auprès de cinq autres panélistes dont des femmes cheffes d’entreprises, femme vivant avec un handicap et officier de l’armée malienne.

Ce panel a suscité un grand intérêt auprès du public du SIR-Mali tant le contexte dans lequel s’inscrit la thématique est imprégné d’enjeux et de défis immenses. En effet, selon les données de l’enquête modulaire et permanente auprès des ménages (EMOP) de 2019, 51,4 % de la population sont en âge de travailler (15 ans et plus). Cette catégorie de population se répartie en actifs occupés, en chômeurs et en inactifs. La même enquête indique que 68,9% des personnes âgés de 15 ans et plus, occupent un emploi ou en recherchent activement sur le marché du travail. La proportion de femmes actives est nettement inférieure (56,6%) à celle des hommes (82,2 %). Les femmes représentent 52 % de la population rurale. Elles vivent à 64,2 % en dessous du seuil de pauvreté.

Cependant, l’égalité femme-homme dans le secteur de l’emploi est garantie au Mali par une panoplie de textes législatifs et règlementaires. Ces dispositions se traduisent par de nombreux engagements nationaux et internationaux à promouvoir l’égalité des sexes dans l’administration publique, mais aussi par l’existence de syndicats du secteur public et de structures de la société civile chargés de la gestion et de l’accès à l’administration publique et l’intégration de la dimension genre. Le premier garant de cette égalité de travail trouve son fondement dans la Constitution de 1992 notamment en ses articles 2, 17, 19, 20 et 21. En dépit de l’existence de cette panoplie de textes, l’analyse situationnelle de l’emploi dans le secteur public et du genre révèle une très faible présence des femmes dans l’administration publique, en particulier dans les fonctions de haut niveau.

En 2018, sur 30 746 emplois créés par le secteur privé, seulement 20,1% sont occupés par des femmes. Quant au secteur public ; sur les 55 370 emplois crées au cours de la période de janvier 2018 à juin 2019, les hommes occupent 80,2% de ces emplois. Ces statistiques sont valables dans différentes branches d’activités, par région et par type de contrat.

La participation et l’inclusion des femmes dans les institutions et les mécanismes de gouvernance reste un grand défi. Actuellement, le gouvernement de transition compte seulement six (6) femmes dont une déléguée sur 28 membres dont trois (3) délégués et le Conseil National de Transition (qui fait office d’Assemblée Nationale) compte seulement 25 % de femmes sur 121 membres. L’Analyse Politico-économique (étude PEA 2022) de PGLR+ révèle que la représentativité des femmes aux conseils élus et maires des zones d’intervention du programme ne sont que quatre (4) sur un total de 254 hommes, soit 1,57% des maires des quatre (4) régions et 0,62 de l’ensemble des maires du pays. Ces quatre (4) femmes maires se répartissent ainsi : à Ségou, une (1) pour 116 hommes ; à Mopti, 2 pour 90 hommes ; à Tombouctou, une (1) pour 29 hommes et Gao ne compte aucune femme maire contre 15 hommes. Malgré leur présence dans les conseils communaux, les femmes occupent plus les postes d’appui. Une étude menée par l’Association des Municipalités du Mali (AMM)[4] sur le profil et les caractéristiques des femmes élues locales nous édifie à cet effet. Au regard de cette étude, les femmes élues sont à 86, 4% des conseillères contre 11,8% d’adjointes au maire et seulement 1,7% de maires.

Qu’est-ce qui justifie ce faible taux d’employabilité des femmes par rapport aux hommes malgré l’existence d’une panoplie de textes et d’instruments ?

Les défis identifiés par l’Analyse politico-économique de PGLR+ (étude PEA) à cet effet, sont entre autres la répartition et division du travail domestique comme corollaire le versement, sur la femme, de la quasi-totalité des tâches familiales ; son assujettissement au patriarcat (chef de famille, mari, grand-frère, oncle, etc.) ; la déscolarisation des filles, les mariages précoces ; l’abstention de prendre la parole en public et de critiquer ouvertement un homme (qui renforce le manque de confiance en soi) dans un environnement où les hommes sont fortement représentés ; la difficulté d’accès et de contrôle des ressources et bénéfices (par exemple la terre et les autres moyens de production tels que le crédit bancaire, la subvention, l’équipement, etc. ; le difficile accès au pouvoir décisionnel occupés essentiellement par les hommes qui les considèrent comme des êtres inférieurs, la non effectivité des textes juridiques, le relèvement des services de justice, l’impunité à l’égard des violences basées sur le genre (VBG), etc.

Par ailleurs, le Café Gouvernance Locale organisé par le PGLR+ à Mopti sur le thème de la participation politique des femmes au processus de la gouvernance locale dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale des Femmes (JIF) a identifié un certain nombre d’obstacles à l’employabilité et à l’entreprenariat des femmes. Ces obstacles, aussi indiqués par la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) sont occasionnés par des facteurs d’ordre social et pratique. Il existe une certaine opinion au sein de la société malienne qui confine encore la femme au foyer, considérant cette dernière comme uniquement destinée aux tâches ménagères et de procréation. En outre, l’effectivité de la loi sur le quota se trouve confrontée à la dure réalité du faible niveau d’instruction des femmes ; ce qui limite considérablement le nombre de femmes leaders et leur impact sur les politiques de développement.

À cela s’ajoute des facteurs généraux tels que l’inadéquation entre les programmes de formation, les opportunités de création de valeurs ajoutées et le marché de l’emploi ; l’évolution des femmes dans des secteurs informels non rémunérés et l’insuffisance de l’articulation entre les politiques d’emploi et les politiques de croissance, d’investissement et de développement. Les personnes en situation de handicap constituent 10% de la population et, comme ailleurs, éprouvent des difficultés à trouver un emploi, à accéder aux services sociaux, en raison de la stigmatisation et de la discrimination au sein de la famille et de la société dans son ensemble.

Le handicap et l’emploi

Concernant, l’inclusion sociale et économique des personnes en situation de handicap ; elle se heurte à des obstacles de diverses natures, qui vont de l’inaccessibilité des bâtiments et des transports aux préjugés, aux discriminations et au rejet social, en passant par l’absence d’appareils et de technologies d’assistance, l’inadaptation des moyens de communication et les carences des services publics.

Les droits des personnes vivant avec un handicap sont garantis par la Loi n°2018-027 du 12 juin 2018 et son décret d’application n° 2021-0662/PT-RM du 23 septembre 2021. L’article 27 de cette loi dispose qu’à chaque recrutement dans la fonction publique de l’État et des Collectivités territoriales, un quota de 15% est accordé aux personnes vivant avec un handicap sur la base de l’égalité avec les autres. Ce quota ne s’applique qu’aux personnes vivant avec un handicap ayant concouru et qui ont obtenu au moins 10 de moyenne. Quant aux entreprises du secteur privé, très peu d’entre-elles emploient des personnes vivant avec un handicap ; ce qui renforce leur vulnérabilité économique.

Malgré ces mesures législatives, la situation réelle d’employabilité des personnes vivant avec un handicap est peu reluisante.

En vue de l’effectivité de l’égalité femme-homme dans différents secteurs de l’emploi, des mesures spécifiques doivent être prises. Ces recommandations sont l’émanation des propositions, mesures édictées ou recommandations formulées par l’État, ses partenaires au développement, des institutions de recherche ou des organisations de la société civile à travers différents documents de politiques et études.

En droite ligne de ces propositions et mesures, le panel recommande :

À l’intention des pouvoirs publics :

  • Institutionnaliser l’approche genre et inclusion sociale dans les politiques sectorielles (éducation, emploi, formation professionnelle, santé, etc.) ;
  • Mettre en place un dispositif d’encadrement et d’accompagnement aux activités de l’économie informelle ;
  • Favoriser l’intensification des formations professionnalisantes ;
  • Doter les infrastructures (publiques et privées) d’équipements en vue d’une meilleure inclusion sociale (latrine, marche pour personnes à motricités réduites, espace de tété ou de garde d’enfants pour les femmes allaitantes, etc.) ;
  • Faciliter/inciter le secteur privé à mettre en place des moyens de transport pour les personnes vivant avec un handicap ;
  • Rendre les canaux et outils de communications accessibles à toutes et tous ;
  • Rendre effective l’application des textes de lois en faveur des femmes et des personnes vivant avec un handicap ;
  • Prendre en compte l’approche genre dans la formulation, la programmation budgétaire, la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques et programmes sectoriels de développement à tous les niveaux ;
  • Renforcer l’environnement de la politique de genre au Mali en soutenant la mise en place et l’opérationnalisation du mécanisme institutionnel de la Politique nationale de genre.
  • Adopter des mesures à long terme permettant de renforcer l’accès des filles à l’éducation et de maintenir les effectifs et le niveau qualitatif des filles dans l’enseignement secondaire et supérieur.

Pour le secteur privé :

  • Renforcer les activités visant à aider les femmes/filles à passer les concours d’entrée dans la fonction publique à travers une stratégie et un plan d’action de renforcement de leurs capacités ;
  • Renforcer les systèmes de prise en charge des enfants sur le lieu de travail ;
  • Mettre en place des systèmes de recrutement sensible au genre et des mesures incitatives en faveur des femmes et des jeunes ;
  • Renforcer l’information, la sensibilisation et la formation des acteurs en charge du recrutement sur les thématiques d’intégration du genre et d’inclusion sociale.

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